Il faisait bon dans ma chambre, sous la coquette. Je pouvais échapper au léger froid qui se tenait dans cette pièce en restant au chaud sous ce tissu épais. Et être seule ainsi me permet de ne pas avoir à jouer le rôle du Elle durant un temps. Dommage que je n’ai pu rester éternellement dans cet état. La journée prend son cours et le temps passe. J’ai dû quitter ce petit paradis pour rejoindre l’air frais. Ainsi j’ai enfilé autre que mon uniforme qui ne tiendrait guère au chaud, mais un pull un peu large sur un pantalon d’hiver et des baskets. Je commence à douter sur ma propre personne. « Je suis frileuse ? » Je ne pense pas. Mais bon, au fond ce n’est pas intéressant.
 
Sortir du lit me permettra sûrement de ne pas trop rester à l’écart. Peut-être que le Elle va sortir, mais au fond je souhaite pouvoir me montrer telle que je suis aujourd’hui. Ca me fera un peu de repos, sans doute, même si j’ai décidé moi-même de devenir ainsi. Au final, c’est sûrement dû au fait que je dois être vaccinée. Enfin… Je me perds. J’oublie.
Me voilà donc dans la salle où les livres font la loi avec le silence comme complice. Les orphelins et les professeurs viennent ici pour généralement une chose unique : lire. Les bibliothécaires assurent la garde, ici, et le rangement de ces centaines ouvrages. Moi, je suis en train de parcourir le rayon d’aventure. J’ai envie de lire ce genre de bouquin actuellement, comme la faim ne me guette pas encore. Peut-être qu’une bonne petite dose d’aventure m’ouvrira l’appétit. Puis j’ai cette affreuse envie de manger. Je n’arrivais plus à trouver sommeil tantôt et il faut croire que je m’ennuyais à mourir sur ce matelas si confortable.
Mais voyons, Eien, ce sont les week-ends !
Malgré je me suis levée. La lecture d’un livre va m’occuper.
Pourtant, je pense être en manque d’inspiration. J’ai beau faire des va et viens sans fin, dans la même allée de la bibliothèque, je ne sais quel ouvrage choisir afin de dévorer ses mots. Est-ce le résultat de se lever à six heure du matin ? Eu oui… je me suis levée aussi tôt ?
Mais en voyant des orphelins -à qui j’ai déjà parlé sauvagement- s’avancer vers moi, je me rends compte que j’aurais dû rester sur mon lit. Se lever trop tôt donne souvent aux gens cette mauvaise humeur qui n’a pas envie d’être embêtée ou de s’embrouiller. Et j’ai cette impression qu’ils sont venus se vanger.
 
Mes doutes n’étaient faux. Mais je retiens le Elle de parler, et me contente d’ignorer ce qu’ils disent.
 
« Alors !? Eien se dégonfle !? »
 
Je les entends rire par moquerie. Mais j’essaie de garder mon calme. Chut. Elle, tais-toi. Je n’ai pas envie que tu sortes, non. Calme-toi. Evite de leur parler, de les contrarier. Contente-toi de suivre le Moi et de lire le titre inscrit sur les dos du livre. Chut.
 
« Fichez-moi la paix ! »
 
Je me suis retournée contre mon grès avant de vouloir partir. Ce n’est pas le moment de m’emmerder, non. Pas maintenant. Plus tard sans doute. Le Elle va mettre leurs moqueries de côté.
Mais sans faire attention, en me tournant, je me suis heurtée contre quelqu’un. Qui est-ce ?
 
« P-Pas sur mon chemin… » ai-je dis doucement.




Je relève doucement mon regard et un visage familier apparaît. Je souris et je me sens rougir, gênée.
 


« Louis ? »