Quarante-huit heures. Deux jours. Deux nuits. Oui, c’est bien ça. Je n’ai pas dormi durant ce temps. Le sommeil me fuit-il ? A-t-il peur de moi ? Ou est-ce ma conscience qui me joue des tours ? Peu importe la raison, en fait. Je n’arrive plus à m’endormir et c’est ce qui m’angoisse.Une visite à l’infirmerie aurait pu m’aider, me suis-je dite ce matin ; malheureusement, les somnifères qu’une infirmière m’a donnés ne semblent pas encore faire effet. Et j’ai attendu, encore, toujours. Mais plus le temps passe, plus la fatigue me gagne davantage. Cette situation physique m’a ôté toute envie d’ingurgiter quoi que ce soit. Même le gâteau au chocolat que le Self a proposé ne m’a point ouvert l’appétit.
On m'a déconseillée d'aller en cours.
Revenue dans ma chambre, en face du miroir de mon armoire, je remarquai mon visage d’une pâleur immonde et mes yeux entourés de cernes ainsi que mes cheveux dans un état pitoyable. Il est rare que je les attache, mais je n’eus réellement le choix. J’avais l’air tellement épuisée, tellement
Et voilà que la migraine m’a comme prisonnière.
Alors, en songeant au calme sans doute car le bruit des autres orphelins n’arrangeait guère les choses, mes pas m’ont guidées jusqu’ici. Des arbres (de l’ombre), de l’herbe, du vent frais : rien de tel pour l’apaisement des passions. Le jardin est parfait pour me reposer un peu sans vacarme incommensurable à proximité.
Je choisis un arbre, m’installe à son ombre et m’appuis contre le tronc. Epuisée, je ferme mes paupières lourdes et pousse un soupir profond.
« Calme, calme… sommeil. Rah là là… » ai-je râlé.
Cependant, des cris s’installent. En ouvrant les yeux, j’aperçois des petits jouer à chat. Ma foi, je comprends parfaitement qu’ils veulent s’amuser. Mais leurs voix s’abattent sur ma migraine et je ne peux empêcher mes nerfs de lâcher :
« FERMEZ-LA. Y’EN A QUI VEULENT DORMIR DANS L’COIN. »
Je me lève rapidement d’un air tueur et sévère qui fait sans doute fuir les jeunes délinquants. Et je n’aurais pas dû. Ce geste rapide m’a faite rassoir sur le coup, frottant mes cheveux attachés en cherchant à ignorer la douleur de mon crâne. Bon sang, je ne supporterais pas plus de moments ainsi et je ne veux surtout pas prendre davantage de médicaments au risque de tout recracher en suite.
Pourtant, ne serait-ce qu’une heure de sommeil me suffirait et m’aiderait tant : pour mon mâle de tête, ma fatigue, mon angoisse.
Des bruits de pas viennent vers moi et, je pense, s’arrêtent une fois en face de mon corps. De mon côté, j’ai ramené mes genoux contre ma poitrine, posé mes bras dessus et caché mon visage dans le trou formé ainsi.
«
Du sommeil, ai-je parlé comme pour moi-même.
Du sommeil… c’est tout ce que je demande. »